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Les chroniques d'arbitrage de Gérard Samuel

Les droits du mort




Roi René du 12 mars 2019

Ouest ouvre de 2T F.I. Nord intervient à Cœur et sur les 4P déclarés par E-O surenchérit à 5C contrés évidemment.
Est entame atout et vous voyez comme moi que Nord fait 8 levées 7 cœurs et 1 carreau. Bonne défense, vert contre rouge contre 4P tabulaires (étonnant d’ailleurs que le commentaire ne le mentionne pas, mais là n’est pas le sujet).

Nord tire quelques coups de cœurs et attaque les carreaux, puis A R de Carreaux étant tombés, tire atout et atout en espérant gratter une levée supplémentaire.
Le mort ne recevant aucune instruction du déclarant et pensant que le coup était fini de facto, défausse un carreau, puis un autre sans que le déclarant ne s’y oppose. Le déclarant fini par protester en disant, non ce sont les trèfles qu’il fallait défausser et fini par perdre le 5 de Carreau.
-4 zero au lieu du top ou à peu près. C’est ballot non ?
 
Que dit le code loi 45?
« Le mort prend une carte non désignée
Si le mort place dans la position jouée une carte que le déclarant n’a pas nommée, la carte doit être retirée si l’attention y a été attirée avant que chaque camp n’ait joué pour la levée suivante. »

Autrement dit, si le déclarant ne corrige pas la carte jouée par le mort avant que les deux camps n’aient rejoué, celle-ci est jouée.
Et de même pour la levée suivante. Donc zéro mérité
Corolaire : Lors du 4 mixte honneur de ce week-end le flanc joue carreau (peu importe le contrat et le stade du jeu). Au mort il reste R6 et le déclarant appelle le Roi. Le mort voulant jouer le Roi détache le 6 pour jouer le Roi. L’adversaire de droite croyant que c’était le 6 qui était joué met la Dame. Se rendant compte que c’était le Roi qui était joué il veut reprendre sa carte. L’arbitre a évidemment exigé qu’il mette sa dame.

18/03/19


Enchères non intentionnelles


Après quelques mois d'interruption, je vous propose de nous attarder sur la loi 25, celle relative aux enchères non intentionnelles.
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je ne comprends pas toujours ce qu'elle autorise et ce qu'elle n'autorise pas. Quand peut-on reprendre et quand ne le peut on pas ? En particulier j’ai eu deux cas qui me paraissaient au moins analogues, pour ne pas dire identiques. Dans un cas l’arbitre a permis à mon adversaire de reprendre son passe, dans l’autre ma partenaire n’en n’a pas eu le droit ( ce qui s’est soldé par un zéro intersidéral). Je me suis alors adressé à une haute autorité en matière d’arbitrage qui m’a dit ceci :

« La loi 25 prévoit que l'on peut changer une déclaration quand la déclaration est non intentionnelle (= on s'est trompé de carton) et uniquement dans ce cas. Dans les deux cas, le joueur qui veut reprendre sa déclaration avait bien l'intention de prendre le carton passe, il ne pouvait donc être autorisé à reprendre sa déclaration. »

Je suis retourné voir la loi 25 qui précise :

Un changement de déclaration peut être autorise en raison d’une erreur mécanique ou d’un lapsus, mais non en raison d’une perte de concentration quant a l’intention initiale.

Autrement dit, il faut rester réveillé à la table.

Un autre exemple pour conclure : Récemment une joueuse a oublié de contrer un contrat demandé en défense et a voulu reprendre son passe. Son argument : le contre est évident
!!!! Absolument……mais encore fallait il le faire.

Pensez-y ! 

Erreur d’application vs. Erreur d’explication

Pas de donne pour illustrer ce problème tant la situation est fréquente en ces jours de gadgétisation à outrance. Combien de fois vous êtes-vous pris les pieds dans le tapis avec une convention que vous ne possédez pas encore complètement. Soit que vous l’avez mal appliquée soit que vous avez donné une mauvaise explication. Évidemment vous n’avez pas sourcillé lors votre partenaire, suite à une question des adversaires, a donné son explication. Vive les écrans !
Vous avez atterri Dieu sait où dans vos enchères et vous jouez le bon ou le mauvais contrat. Et l’adversaire s’apprête à entamer.
Soit retord, bien content de jouer un mauvais tour à vos adversaires vous vous tenez coi, soit ne voulant pas de reproches, vous voulez le prévenir que l’information qu’il a reçue n’est pas conforme à votre main.
Quand ne faut-il pas réagir et quand le faut-il et comment.
Le code est très clair : Les erreurs d’application sont du domaine de l’humain donc de l’erreur. Par contre les erreurs d’explication non. Pour cela il importe surtout en compétition que chaque joueur ait une feuille de convention bien remplie.

Ceci étant
Si votre partenaire donc le mort a donné la bonne explication et que vous vous êtes trompé, vous ne dites rien.
Si par contre l’explication donnée par votre partenaire sur votre main n’est pas conforme à votre système vous appelez immédiatement l’arbitre avant l’entame. C’est lui qui jugera.
Par contre en flanc, il ne faut appeler l’arbitre qu’à la fin du jeu. Résumé :
Erreur d’application : pas d’action
Erreur d’explication sur le jeu du déclarant : on appelle l’arbitre avant l’entame Erreur d’explication sur le jeu d’un défenseur : on appelle l’arbitre à la fin du coup

Loi 75 b et c

OUPS


Ouest donneur ouvre normalement d’1SA, Nord passe et Est sans doute ébloui par son jeu met 3 T bien que jouant le Texas Trèfle à 2P. Oups, je me suis trompé dit-il. Et la table appelle l’arbitre à juste titre.

Il est clair que tout le monde à la table a compris que ce 3T n’était pas un Texas Carreau, mais naturel. Difficile pour l’ouvreur d’ignorer l’information non autorisée.
Que va faire l’arbitre ? Comme souvent il demande à la table de continuer les enchères et de jouer le coup. Si le résultat vaut moins de 40% pour la paire fautive, il entérinera le résultat.
Si par contre le résultat est bon pour la paire fautive, l’arbitre devra juger si l’information non autorisée a aidé la paire ou non et dans quelle mesure la paire non fautive a été gênée ET/OU lésée. Si c’est le cas il mettra 40% à la paire fautive et 60% à la paire non fautive. Sinon à nouveau il entérinera.
Ces situations peuvent être difficiles à juger et peuvent donner lieu à appel.
 
Moralité : quelques soient les événements, ne vous déconcentrez pas. Plus facile à dire qu’à faire me direz vous……À qui le dites vous.

Donne du mardi 26 février au Cube
Merci à Evelyne Muller, Philippe Chapus et Bernard Lacour pour leur contribution.



Chronique de l’arbitrage : Loi 65

Au cours d’une compétition de la saison dernière, l’arbitre est appelé à la fin d’une donne. Le déclarant prétend que l’un des adversaires a fait une renonce au cours du jeu. Le joueur incriminé nie farouchement. Les autres joueurs ne savent plus trop. Or lorsque l’arbitre est appelé, il voit un étui au milieu de la table, les quatre jeux soigneusement rangés à leur place dans l’étui. Que fait l’arbitre….

Il consulte le code qui dit (loi 65) :

LOI 65 - DISPOSITION DES LEVÉES
A. Levées complètes
B. Compte des levées 1.
Si la levée est gagnée par le camp du joueur,
la carte est orientée dans le sens de la longueur vers son partenaire

2.
Si la levée est gagnée par les adversaires,
La carte est orientée dans le sens de la longueur en direction de l’adversaire.

C. Ordre
Chaque joueur dispose ses cartes en une rangée, dans l’ordre joué et en les superposant de telle façon
qu’il soit possible, à la fin du jeu, de reconstituer exactement le déroulement de la donne, si besoin est.

D. Agrément sur le résultat du jeu
Un joueur ne devrait pas modifier l’ordre de ses
Cartes jouées avant que le nombre de levées gagnées Par chaque camp n’ait été agréé.
Un joueur qui ne se conforme pas aux dispositions de cette Loi Compromet son droit de réclamer le gain de levées contestées Ou de revendiquer ou contester une renonce.
 
L’arbitre se doit s’il le peut d’essayer de reconstituer le coup pour déterminer s’il y a eu effectivement renonce et quand. Sinon comme ce fut le cas il n’a pu qu’entériner le résultat et considérer qu’il n’y a pas eu de renoncé, malgré les protestations du camp s’estimant lésé comme vous pouvez vous en douter.

Moralité : marquez correctement les levées, verticalement pour vous horizontalement pour les adversaires et dans le bon ordre et ne rangez vos cartes dans l’étui qu’une fois le résultat entériné.

05/10/19 GS

Psychics et dépendances 1

Ces derniers temps les psychics se multiplient. Il arrive aussi que certains s’estiment victimes de psychics qui n’en sont pas.

Mais d’abord qu’est-ce qu’un psychic ?

C’est une importante et volontaire déformation sur la force en honneurs ou la longueur d'une couleur.

Plus précisément selon le Règlement national des compétitions 2019 (144.4) :

Les ouvertures au palier de un à la couleur doivent être faite avec des mains d’au moins 10 H et dont la valeur d’ouverture (sommes des points H et du nombre de cartes des deux couleurs les plus longues) est au moins égal à 20 (huit H et 16 en troisième position).

Sinon, on entre dans le cadre du psychic.

Ouvrir d’1Pique avec xx Axxxx Rxx xx est un psychic.
Ouvrir d’1Pique avec Axxxxx Rx Dx Vxxx est une ouverture faible

De même intervenir avec V109xx au cours d’enchères compétitives n’est pas un psychic, pas plus que d’intervenir dans 4 cartes.

La FFB n’interdit pas les psychics en compétition (sauf en catégorie 5 Interclub div. 5 ou en Espérance) sauf s’ils sont trop bien compris par le partenaire :

Loi 40 A : Un joueur peut déclarer ou jouer de n’importe quelle façon sans l’annoncer au préalable à condition que cette déclaration ou ce jeu ne soient pas fondés sur un agrément occulte (voir Loi 40C1).

Un joueur peut déroger aux agréments de son camp mais à condition que son partenaire n’ait pas plus de raison que les adversaires d’être conscient de la dérogation.
Des dérogations répétées créent une entente implicite qui fait dès lors partie du système de la paire et doit être révélée.

Aucun joueur n’a la moindre obligation de révéler aux adversaires qu’il a dérogé au système annoncé.

Cependant, pour assurer une bonne convivialité dans ses tournois de régularité,

Le Cercle interdit les psychics (mais pas les ouvertures faibles en 3 ème position).
 
Si vous estimez avoir été victime d’un psychique, c’est à l’arbitre de déterminer s’il y a eu préjudice ou pas et le cas échéant d’attribuer une marque ajustée voire une pénalité (loi 40 C1).


Bien que n’entrant pas dans le cadre des Psychics, examinons quelques situations qui suscitent des interrogations (expériences vécues)

• Qu’en est-il des ouvertures d’1 ou de 2 SA avec une majeure 5 éme ? Le SEF 2018 en parle, donc pas de problème. La courtoisie cependant veut que si vous avez un système pour retrouver la majeure (Puppet), vous préveniez vos adversaires que votre partenaire peut avoir une majeure 5 éme.

• A-t-on le droit d’ouvrir à SA avec un gros honneur sec. Il arrive surtout lorsque l’on a 16 pts avec un singleton à Pique soit dans un 1444 ou une couleur 5 éme miséreuse, qu’il soit mieux joué d’ouvrir à SA malgré le singleton. En effet même si le partenaire vous fait un Texas pique, une dame sèche sera plus utile que deux petits. Mais quitte à ouvrir avec un honneur sec, mieux vaut un Roi ou une dame qu’un As sec. Un Roi ou une Dame vont permettre d’affranchir une couleur en faisant tomber un As. Un As sec vous permettra de faire tomber le 2, le 3 et le 4 !

• Peut-on ouvrir d’un 2 faible avec une couleur sans 2 gros honneurs. Ça n’est pas forcément bien joué, mais rien ne l’interdit. À vous de défendre votre enchère si ça tourne mal.


Note approuvée par le Bureau Exécutif et le Corps arbitral Du Cercle de Bridge de Strasbourg




Psychics et dépendances 2

Au court d’un récent tournoi du Cercle, la donne suivante est proposée.


Sud ouvre en 3 éme de 2 Trèfles fort indéterminé ! et les enchères finissent à 4Piques joués par Nord après que EO aient tentés sans succès de placer leur trèfles.
Est entame du R de Carreau couleur plus susceptible de produire des levées que Trèfle du moins le croyait il.

À la découverte du mort (je vous rappelle que le joueur placé en Sud avait cru bon d’ouvrir cette superbe main ! de 12 pts de 2T FI), les EO appellent l’arbitre. Il s’agit bien d’un psychic de plus sur une ouverture artificielle, en somme un psychic puissance 2.

Que fait l’arbitre ? Il laisse jouer et attend le résultat. Si NS font plus de 40% sur la donne il corrige le score, sinon il entérine le résultat assorti éventuellement d’une pénalité pour Psychic. Les NS ont chuté de 2 pour une note proche du zéro. Il a donc maintenu

Sur quel article du Code l’arbitre se fonde t il ?

• Le Règlement national des compétitions article 135 interdit les psychiques sur des enchères artificielles protégées par le système d’enchère : en effet sur une ouverture de 2FI et la réponse obligatoire de 2K, Sud aurait pu passer. Sud enchérit donc « sans risque ».

• De plus la Loi 40 B2 a (v) du Code dit clairement : L’autorité ( en l’occurrence le Cercle) peut restreindre ou interdire les déclarations artificielles psychiques. Ce qui est notre cas.

Donc à la fois en compétition et dans un tournoi du Cercle, Sud aurait été pénalisé. Quand je vous disais qu’il saisissait d’un psychic puissance 2 !

Dans cet exemple, il ne s’agit pas d’entente entre partenaire puisque le joueur en Nord a réagit normalement. N’empêche que sans cette ouverture les EO auraient trouvé leur contrat à Trèfle et réalisé au moins 8 levées voire plus sans l’entame du Roi de cœur.




Les explications des enchères


artificielles



Aujourd’hui, nos systèmes d’enchères sont truffés de gadgets qui, en dehors des cas triviaux, doivent être d’alertés évidemment. Le problème c’est que les joueurs se trompent souvent dans leur application ou dans leur interprétation. 


Il convient de rappeler qu'une erreur d’explication peut donner lieu à arbitrage, mais pas une erreur d’application (même si on peut la signaler à l’arbitre, mais il ne pourra rien faire). 


Ceci amène certains à demander à celui de ses adversaires qui a produit l’enchère artificielle, si l’explication donnée est correcte.


C’est interdit. Vous devez prendre l’explication pour argent comptant, laisser aller la donne jusqu’à son terme et appeler l’arbitre après. Il jugera s’il y a matière à correction.

De toutes façons, s’il était appelé au moment de l’enchère, il laisserait jouer. 


De plus cette pratique peut véhiculer des informations non autorisées. 


Exemple:


Nord ouvre d’1K, Est intervient par 1SA et Sud met 2C. Dans cette situation, certains jouent cette enchère naturelle, d’autres Texas (Landik). Si Nord a alerté Texas et si vous demandiez à Sud si l’explication de Nord est correcte, tout le monde aura compris que vous avez plein de Pique. 


Pour terminer, rappelons que si le mort a donné une mauvaise explication (pas si vous avez volontairement dérogé), vous devez prévenir l’entameur avant son entame. Les joueurs en flanc préviennent à la fin du jeu.


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